Le 28 juin 1865, les registres de décès de Coray énumèrent sept morts accidentelles au même lieu Larraguen à sept heures du soir.
- François LE VAILLANT (19 ans), fils de Jean et de Marie KERVRAN
- René BLEUZEN (36 ans), fils de Jean et de Marie Anne LE GUILLOU
- Pierre JACQ (24 ans), fils de Grégoire et de Eugénie LE QUÉAU
- François LE ROY (28 ans), époux de Marie QUÉMÉRÉ, fils de Yves Marie et de Catherine LE DUIGOU
- Pierre SIZORN (33 ans), époux de Marie Jeanne RANNOU, fils de René et de Marie Louise QUELVEN
- Yves LE CALLOCH (9 ans), fils de Yves et de Marie Anne ODÉYÉ
- François Guéguen (31 ans), époux de Marie PÉRON, fils de François et Marie Catherine BARRÉ
Occupés à défricher une parcelle de lande, dans le hameau Larraguen tout proche de Coray, les six hommes unissaient leurs efforts et voyaient d’un bon œil l’arrivée du jeune Yves LE CALLOCH venu leur apporter à boire !!!
Il venait de parcourir le trajet depuis le moulin de Larraguen, tout proche, où son père, Yves LE CALLOCH était meunier. L’orage menaçant éclata violent, et la foudre s'abattit sur Larraguen, tuant les sept malheureux.
Larraguen hameau de Coray
Nul doute que la population, aux alentours, a tremblé durant cet orage, mais le désarroi dans lequel furent plongées toutes ces familles touchées par ces deuils a marqué la population de cette commune.
Images et texte extraits d’un article sur le site des Archives municipales de Quimper. Le grenier de la mémoire
Les autorités reçoivent des nouvelles peu rassurantes venant de la capitale. En avril 1832, le préfet fait placarder sur les murs de la ville des affiches interdisant les rassemblements d’animaux carnivores et de ceux tenus malproprement, tels les chevaux, les cochons, les poulets et les lapins.
Il est conseillé de nettoyer les vitres de son logis une fois par semaine, car l’action de la lumière est utile à la santé.
Il est aussi préférable d’éviter les émotions fortes, telles que la colère et la frayeur. Et pourtant, le peuple s’affole bien vite devant cette maladie qu’il ne connaît guère.
Le 13 mai, dans l’hôtel du Lion d’Or, situé place Saint-Corentin, l’épidémie fait une première victime : le marin CATEL, venu d’Alger, qui se rendait à Brest.
Le 16 mai, monsieur LE JUMEAU de Kergaradec, médecin et président de la commission médicale, se veut rassurant dans un courrier adressé à Monsieur ÉLOURY, maire de Quimper. Les deux victimes du choléra, mortes ce jour à l’hospice, n’ont pas été en contact avec le nommé CATEL. L’une, épileptique et idiote depuis son enfance, a fait un grand écart de régime la veille. L’autre, âgé de 83 ans, était dans un état d’extrême décrépitude et grabataire. Comme tous ceux qui ont approché le marin mort sont en parfaite santé, le médecin en conclut naïvement que le choléra n’est pas contagieux.
Pourtant, à Paris, le 16 mai, Casimir Périer, président du Conseil, en meurt, après avoir visité des malades à l’Hôtel-Dieu.
M. LE JUMEAU de Kergaradec, président de la commission médicale, qui prétendait, il y a peu, que la maladie n’était pas contagieuse, soudainement guéri de son optimisme béat, implore l’envoi de fonds pour déplacer les vastes fosses d’aisance placées à l’intérieur de l’hospice et qui communiquent à tous les étages. Ces foyers d’infection répandent partout une odeur essentiellement méphitique.
Dans la cour, un menuisier construit un amphithéâtre fait en planches pour exposer les morts et faire les autopsies.
Les nombreux militaires hospitalisés, fragilisés par la dysenterie contractée aux colonies, sont une proie de choix pour le choléra, mais le ministère de la Guerre fait la sourde oreille aux demandes de secours en couchages. Question importante : les effets d’habillement des militaires morts du choléra peuvent-ils être distribués à d’autres hommes ?
Les gens âgés se calfeutrent chez eux dès qu’ils ressentent ou croient ressentir les premiers signes de la maladie : une grande fatigue, des nausées, une froideur de tout le corps et des crampes des membres inférieurs. Ceux qui assistent aux offices saints ne sont guère plus rassurés. Le curé de la cathédrale menace et tempête en chaire. Dans son sermon, il prévient : le choléra est un missionnaire que Dieu nous envoie pour nous prêcher son enseignement. La peur est telle que le châtiment supposé de Dieu réveille la foi dans les cœurs les plus endurcis et que l’on se réfugie dans les églises au risque d’accroître la contagion.
Pendant l’été, l’épidémie semble moins virulente
Dès le mois de septembre, le choléra-morbus fait de nouveau des ravages. 11 militaires du 51e régiment d’infanterie meurent à l’hospice. Ceux qui sont bien portants deviennent infirmiers et soignent les cholériques. Les sœurs du Saint-Esprit se dévouent sans compter avec les remèdes aux vertus incertaines qui leur sont alloués : les cataplasmes de farine de moutarde et de graines de lin, les décoctions de tilleul, l’ipecacuanha en poudre, les gouttes de laudanum, l’éther, la gomme arabique en morceaux ou en poudre, et les fameuses sangsues, sensées tuer le mal.
Quimper a été divisé en six quartiers avec, pour chacun d’eux, un médecin qui reçoit une dotation de 200 sangsues. Comme cela ne suffit pas, les pharmaciens Bourassin (rue Kéréon) et Fatou livrent 1400 sangsues supplémentaires.
Un nouveau moyen de lutter contre le mal arrive sur Quimper. Il s’agit du Sudatorium, vivement recommandé par le ministère de l’Intérieur. C’est un véritable supplice pour le malade, dont la température baisse rapidement en- dessous de 37°. La machine provoque une transpiration salutaire, mais au moindre refroidissement, le malade affaibli décède.
L’hospice ne pouvant plus accueillir de nouveaux malades, le maire autorise l’ouverture d’une maison de secours à l’ancien couvent Saint-Joseph (actuel évêché, rue de Rosmadec). Louis-Philippe accorde la somme de 3000 francs pour soigner les indigents et la municipalité rajoute la même somme. Le préfet PELLENC donne 250 F lors d’une souscription, l’évêque 300 F et le maire 150 F.
Semblant ne pas craindre la maladie et ses miasmes, certains conseillers municipaux visitent les familles éprouvées, d’autres fournissent des draps et des comestibles. Courage, fuyons ! MM BOHAN, ancien maire, et COATPONT, sont précipitamment partis à la campagne et ne siègent plus au conseil. Ce dernier se réunit très souvent pour discutailler des heures et des heures.
Dès les premiers jours d’octobre 1834, une nouvelle épidémie de choléra, partie de la rue Neuve (actuelle rue Jean Jaurès), s’étend rapidement en ville et tue une dizaine de personnes.
Cette nouvelle épidémie fera, suivant les sources, entre 90 et 150 victimes…